Un minimum de 14 ans : le travail des jeunes

Un projet de loi pourrait obliger les jeunes à attendre l’âge de 14 ans avant de pouvoir occuper un emploi.

Alexis a 13 ans. Il travaille présentement à l’aréna de Sainte-Julie comme marqueur la fin de semaine. « Avant, il [l’employeur] acceptait les jeunes de 14 ans et plus, mais étant donné la pénurie de main-d’œuvre, il a accepté les jeunes de 13 ans », explique Karine, la maman d’Alexis. Quelle est la source de motivation d’Alexis? Disneyland. « Alexis veut faire un voyage à Disney avec sa marraine l’été prochain. J’ai accepté à la condition qu’il paye son voyage », explique Karine.

Le hockey étant son sport favori, Alexis se plaît beaucoup à son travail. Il aime particulièrement « le travail d’équipe entre les arbitres et les marqueurs [officiels hors glace]. Aussi, chaque quart de travail est différent à cause du calibre et du niveau des équipes. Il y a aussi le fait de regarder différents niveaux de mon sport préféré, de parler au micro, d’annoncer les punitions, les buts, de mettre la musique, etc. », explique Alexis. Bien entendu, il déplore ce nouveau projet de loi. « Pourquoi nous empêcher de travailler pendant que des gens chialent que les jeunes d’aujourd’hui sont paresseux? De plus, mon travail n’empêche pas que je performe a l’école. » Alexis travaille seulement les fins de semaine. Sa mère n’accepterait pas qu’il le fasse pendant les jours d’école. « Je refuse qu’il travaille la semaine pendant l’école. Je ne veux pas que ça nuise à ses études. Toutefois, il marque en moyenne six ou sept parties par fin de semaine », ajoute-t-elle.

 » Pourquoi nous empêcher de travailler quand des gens chialent que les jeunes d’aujourd’hui sont paresseux?  » – Alexis Côté

Le projet de loi

Le ministre du Travail du Québec, Jean Boulet, a annoncé lundi dernier le dépôt prochain d’un projet de loi pour encadrer le travail des mineurs, dont l’âge minimal légal sera porté à 14 ans pour occuper un emploi. Ce qui veut dire que les jeunes de 11, 12 ou 13 ans, comme Alexis, ne pourront plus travailler, sauf pour des exceptions prévues par des règlements. Le Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre (CCTM) recommande également qu’il soit interdit aux jeunes de 14 à 16 ans de travailler plus de 17 heures par semaine (y compris la fin de semaine) pendant l’année scolaire. Du lundi au vendredi, ce serait un maximum de 10 heures, et 7 heures la fin de semaine. Ces deux dernières restrictions ne s’appliqueraient pas durant les congés et les semaines de relâche.

« Ce qui est fondamental, c’est de s’assurer que le travail n’affecte pas le parcours [scolaire], qu’il permet la persévérance scolaire. Trop d’heures, ça accentue le taux de décrochage », a déclaré le ministre Jean Boulet. De plus, selon la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), en 2021, le pourcentage d’accidents chez les moins de 16 ans a bondi de 36 %.

Le dépôt du projet de loi sera fait au début de l’année 2023. Il pourrait même être adopté rapidement. En fait, il pourrait être adopté d’ici le mois de juin « pour que ces nouvelles règles soient intégrées à la rentrée scolaire 2023 », affirme la députée libérale Marwah Rizqy.

En Colombie-Britannique, l’âge minimal pour occuper un emploi est passé de 12 à 16 ans l’an dernier. Au Manitoba, où il est de 13 ans, le nombre d’heures est limité à 20. En Alberta, où l’âge minimal est aussi de 13 ans, le plafond est fixé à 31.

CNESST

À ce jour, selon la CNESST, il n’y a pas d’âge minimal à respecter pour commencer un premier emploi. Le Québec est la seule province au Canada qui ne possède pas de loi à cet égard. Toutefois, il y a trois règles à respecter : si la personne a moins de 14 ans, ses parents doivent donner à l’employeur un consentement écrit; si elle a moins de 16 ans, elle n’a pas le droit de travailler durant les heures de classe et doit être à la maison entre 23 h et 6 h; et si elle a moins de 18 ans, l’employeur ne doit pas lui confier un travail qui dépasse ses capacités.