École à la maison

La réalité d’une maman Julievilloise qui fait l’école à la maison à son fils.

Marie-Josée, enseigne à son fils de 16 ans depuis maintenant 4 ans. Elle a fait ce choix puisque son fils présente une dyslexie, dysorthographie, dyscalculie et dyspraxie (motrice et visuelle). En lien avec ses diagnostics, lorsqu’il fréquentait un établissement scolaire, il vivait régulièrement de l’épuisement. C’est pourquoi sa mère a pris la décision de lui enseigner elle-même à la maison. « C’est tout naturel pour un parent d’accompagner son enfant dans ses apprentissages (manger, parler, marcher, chanter…). Si je ne sais pas quelque chose, on l’apprend ensemble », affirme Marie-Josée.

Adaptation

Cette forme de scolarisation a demandé de l’adaptation. « Au départ il a fallu une période de déscolarisation. Pour réapprendre à apprendre. Pour le plaisir d’apprendre (pas pour obtenir une bonne note). Les apprentissages passaient mieux par le jeu, la littérature, les expériences et la vie de tous les jours. Ainsi mon fils a retrouvé la curiosité et le goût d’apprendre », explique Marie-Josée.

« Les apprentissages 1 à 1 prennent beaucoup moins de temps qu’en groupes. Je peux utiliser parfois des tuteurs, activités de groupe (club de lecture, etc.), cours en ligne. À son âge, c’est beaucoup plus de travail indépendant aussi. Et en tant que travailleuse autonome, mon horaire de travail est flexible. »

Malgré le fait qu’elle enseigne à son fils à la maison, Marie-Josée a un travail. L’an dernier, elle était directrice de l’Association Québécoise pour l’Éducation à Domicile (AQED) à raison de 25 heures par semaine. Cette année, elle est travailleure autonome et son horaire est variable. « Mon implication auprès de mon fils peut varier entre 5 et 10 heures par semaine pour ce qui est formel. Les apprentissages naturels se font en tout temps. Il est en processus de sanction de ses études, alors il fait plutôt du travail indépendant. Il a un tuteur régulier en mathématiques, et une tutrice pour de l’accompagnement général (planification, organisation, méthodologie) »

Pour l’aspect social, son fils a ses amis. « Il a tissé des liens à l’école, à travers notre groupe de soutien local, des activités, sorties, cours de groupe, activités sportives, etc. », affirme sa maman.

Problématique

Marie-Josée vit des difficultés avec l’enseignement à domicile. « C’est avec le système scolaire que nous avons vécu des difficultés. L’éducation à domicile n’était pas vraiment un choix, mais plutôt une solution. Plus de la moitié des jeunes en école-maison ont été retirés du système pour répondre à leurs besoins particuliers (douance, DYS, TDAH, autisme, trouble anxieux, etc.) En principe, selon la Loi sur l’instruction publique et le Règlement sur l’enseignement à la maison, les jeunes devraient avoir accès aux mêmes services que les jeunes qui fréquentent une école. La réalité est toute autre et très variable d’un centre de services scolaires à un autre. Même côté francophone vs anglophone », affirme Marie-Josée.

Selon elle, avec les diverses difficultés d’apprentissage de son fils, il devrait avoir droit à des séances avec un orthophoniste et un ergothérapeute. « J’ai fait la demande [au centre de services scolaire] mais j’ai reçu uniquement un appel de 30 minutes avec une orthophoniste de la commission scolaire. Je fais moi-même les démarches pour procurer des cahiers numériques à fiston, livres audio. Nous payons tout le matériel informatique et logiciels. Son tuteur de mathématiques est un orthopédagogue que nous payons de notre poche », a-t-elle expliqué.

« L’éducation à domicile n’était pas vraiment un choix, mais plutôt une solution. » – Marie-Josée

Les règles de sanction [processus pour obtenir son diplôme] sont dictées dans le Régime pédagogique et le Guide de la sanction des études, mais selon Marie-Josée, elle ne sont pas respectées pour les jeunes qui font l’école à la maison. « Les examens du Ministère sont supposés compter seulement pour 50 % de la note finale (20 % depuis la pandémie), mais pour nos jeunes, 100 % de la note finale repose sur ces examens. Tout le travail qu’ils font durant l’année ne compte pas. » Elle ajoute, « à cause des conditions complètement inéquitables qu’imposent le gouvernement aux jeunes d’école-maison pour la sanction des études, mon fils ne sera pas en mesure d’obtenir un diplôme du Québec. Nous avons dû aller vers un diplôme de l’Ontario. »

L’AQED a déposé une demande d’ordonnance de sauvegarde en Cour supérieure contre le gouvernement du Québec au sujet de ces injustices.