Montérégie : tous contre le retrait de la ligne de train Mont-Saint-Hilaire

L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) songe à supprimer trois des lignes de trains de banlieue les moins achalandées, dont celle de Mont-Saint-Hilaire, pour les remplacer par des autobus.

« Je suis très, très surpris d’entendre parler de ça sur la place publique. C’est très récent comme discussions », affirme au journal Les Versants le directeur général d’exo, Sylvain Yelle.

L’objectif de l’ARTM avec cette idée est d’économiser quelque 21 millions de dollars.

La ligne de trains de banlieue Mont-Saint-Hilaire passe notamment par les gares de Saint-Basile-le-Grand et de Saint-Bruno-de-Montarville et se dirige vers le centre-ville de Montréal.

Pour Sylvain Yelle, c’est très prématuré de parler de ce dossier. Il évoque des discussions embryonnaires.

« Nous avons fourni à l’ARTM des données, des chiffres… mais il faut voir toutes les hypothèses. Nous ne sommes pas rendus au niveau de décisions. Plusieurs impacts n’ont pas encore été évalués », explique M. Yelle.

Le directeur général d’exo est d’avis que le mode de train ne se remplace pas si facilement. « Le train de banlieue, c’est fiable, sécuritaire, confortable, unique. Ça fonctionne ailleurs, pourquoi pas ici. D’ailleurs, on ne peut pas fermer des lignes de trains comme ça, du jour au lendemain. J’en doute. Il faut faire attention aux décisions prises à court terme », lance-t-il.

Ligne Mont-Saint-Hilaire  

Quand on lui demande comment se porte la ligne Mont-Saint-Hilaire, 

M. Yelle admet qu’elle est beaucoup plus lente à reprendre depuis la fin de la COVID. D’ailleurs, la longueur des trains a été réduite. L’achalandage serait en progression. Puis il évoque la clientèle qui l’emprunte. « Nous avons beaucoup de travailleurs du centre-ville encore en télétravail. Ce sont des cols blancs dont les bureaux sont au centre-ville. Contrairement à la ligne Vaudreuil, par exemple, qui transporte plusieurs étudiants revenus à temps plein dans les écoles. »

Il explique la faible reprise des activités pour la ligne Mont-Saint-Hilaire uniquement par le télétravail. « C’est essentiellement à cause du télétravail. Le travail à la maison a changé les déplacements », poursuit Sylvain Yelle.  

Achalandage

Au moment d’écrire ces lignes, l’achalandage de la ligne Mont-Saint-Hilaire demeure à 35 % du niveau prépandémique. D’après des chiffres qu’exo nous a fournis, cette ligne de trains de banlieue effectue en moyenne tout près de 19 000 déplacements par semaine. 

« Ça varie d’une semaine à l’autre. Ça diminue en été, ça remonte à la rentrée. » 

L’achalandage annuel a atteint 780 760 passagers en 2023. Sur les cinq lignes de trains de banlieue, Mont-Saint-Hilaire se retrouve au 3e rang pour le nombre d’usagers déplacés. Vaudreuil étant la plus populaire et Mascouche, la moins fréquentée. « En 2023, la ligne Mont-Saint-Hilaire était en forte croissance (47,6 %) avec Mascouche (47,8 %) pour le nombre de personnes transportées », mentionne le porte-parole d’exo, Eric Edström. 

Les députés

Contactée par le journal, la députée de Montarville et présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, a préféré ne pas émettre de commentaires sur ce dossier, « puisque les hypothèses émises découlent d’un document préliminaire produit par l’ARTM ». 

Son attachée politique nous a toutefois répondu par courriel. « Il est important pour Mme Roy que ses citoyens soient bien desservis en matière de transport collectif. À titre de députée de Montarville, elle continuera de porter leur voix en ce sens. »

La ministre responsable de la Montérégie, Suzanne Roy, rappelle qu’il faut « comprendre que l’ARTM a fait le choix d’analyser l’ensemble des scénarios possibles pour optimiser sa performance et les dépenses des trains. Toutefois, rien n’a été présenté au gouvernement et surtout, rien n’a été décidé. Les lignes de trains ne disparaîtront pas », déclare-t-elle au journal.

Enfin, le député de Chambly, Jean-François Roberge, indique qu’il est très sensible à la situation. « Situation que je ne cautionne aucunement. Les citoyens ont besoin du transport en commun. Je comprends que pour le moment c’est une hypothèse de l’ARTM, mais comme député, je n’accepterai pas cette situation », lance-t-il. 

Les trois maires s’opposent

Les trois maires de notre territoire sont contre l’abandon de la ligne de trains de banlieue Mont-Saint-Hilaire. Cette idée a été évoquée dans un rapport de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) pour des raisons de contraintes budgétaires. 

« Je suis très déçu. Mais bon, ce n’est pas la première fois que l’ARTM est à côté de la track! » commente le maire de Sainte-Julie, Mario Lemay, qui promet de se battre pour le maintien de ce service. Selon lui, l’ARTM est loin des usagers et de la réalité de nos communautés.

En entrevue avec Les Versants, le maire de Saint-Bruno-de-Montarville, Ludovic Grisé Farand, s’est dit très surpris de cette annonce à la suite d’une étude préliminaire commandée par l’ARTM. La Ville n’a pas voulu voir le projet se concrétiser avant de réagir. « Le train est très apprécié des Montarvillois. S’il était aboli, le train serait remplacé par des autobus qui congestionneraient davantage le réseau routier. C’est inacceptable et c’est certain que l’on ne va pas laisser passer ça! » déclare M. Grisé Farand. 

Il rappelle que le train est le seul lien direct vers le centre-ville de Montréal à partir du territoire de Saint-Bruno-de-Montarville. « Sinon, les autobus doivent converger vers Longueuil ou Brossard pour des correspondances. Le trajet serait plus long. » 

De son côté, le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, évoque un scénario de l’ARTM qui ne tiendrait pas la route. « Ça va à contresens de l’engagement collectif et unanime de prioriser le transport en commun. Il n’y a rien de plus efficace et économique que le train. C’est comme si l’ARTM disait que pour des contraintes budgétaires, on n’adhère pas au transport collectif. Ça n’a pas de sens! »

Une résolution à venir et une pétition

Ainsi, les trois hommes sont contre l’analyse de l’ARTM. Ils ont affirmé au journal qu’une résolution en ce sens sera votée lors de leur prochaine assemblée du conseil municipal.

Le premier magistrat de Saint-Bruno-de-Montarville invite aussi les citoyens à aller signer la pétition en ligne Survie des lignes de train de banlieue Mont-Saint-Hilaire, Candiac et Mascouche. Vendredi dernier, plus de 7000 personnes ont demandé que le « gouvernement du Québec s’engage à financer les transports en commun au niveau nécessaire et de manière pérenne pour que l’ARTM conserve les axes structurants de transport en commun que sont les lignes de train de banlieue Mont-Saint-Hilaire, Candiac et Mascouche ». 

« Mais bon, ce n’est pas la première fois que l’ARTM est à côté de la track! » – Mario Lemay  

Les conséquences 

Quand on leur demande quelles seraient les conséquences si la ligne Mont-Saint-Hilaire était abandonnée, les maires n’osent imaginer une telle possibilité. « À voir le tollé créé par cette annonce, je serais surpris que l’ARTM aille de l’avant. Mais sinon, ce serait dévastateur! Ce n’est pas tout le monde qui se rabattrait sur les autobus.

Ça rajouterait des véhicules sur les routes », indique Ludovic Grisé Farand, qui parle d’un recul dans la lutte contre les changements climatiques et dans la congestion routière.

Selon Mario Lemay, le retrait du train de banlieue viendrait détruire un milieu de vie. Celui qui siège au conseil d’administration d’exo en tant qu’élu de la Rive-Sud estime que ce serait une option de transport en moins pour le citoyen. « Ça amène rien de mieux pour l’usager, à part le trouble! »

Puis, Yves Lessard mentionne que le retrait de la ligne Mont-Saint-Hilaire augmenterait le nombre d’autobus

« pris dans le bouchon » de la circulation. Il insiste. « C’est un pied de nez aux développements en zone TOD à venir, comme le projet Saint-Basile-sur-le-Parc et celui sur le stationnement de la gare d’exo, qui permettraient à ces gens de se déplacer avec le train. C’est à n’y rien comprendre! »